Diamants de sang

Auteur(s) : James Patterson, Marshall Karp
Editeur : L'Archipel

L’avant-première d’un film à gros budget… Le tout-Manhattan attendu… Alors que la comédienne vedette s’apprête à fouler le tapis rouge, exhibant une parure d’émeraudes et de diamants valant huit millions de dollars, une détonation retentit, suivie du crash d’une Cadillac.

Un crime vient d’être commis. Les bijoux ont disparu… et personne n’a rien vu ! Une enquête cousue main pour le NYPD Red, l’unité d’élite de la police new-yorkaise chargée de protéger les rich and famous.

Des penthouses aux bas-fonds de la ville où le crime ne s’arrête jamais, le détective Zach Jordan et sa partenaire Kylie MacDonald – son ex-petite amie – n’auront guère le temps de chômer. D’autant que le tueur a d’autres cibles en vue…

Traduction : Antoine Guillemain
20,00 €
Parution : Janvier 2021
330 pages
ISBN : 978-2-8098-4039-1
Fiche consultée 156 fois

Extrait

Leopold Bassett a traversé la pièce d’un pas allègre jusqu’à l’endroit où son frère, Maxwell, sirotait tranquillement son vin.
— Max, lui a dit Leo dans un demi-murmure enivré, ma sentinelle en faction dans le hall m’informe que Lavinia est en train de monter l’escalier. Tu peux arrêter de broyer du noir vingt minutes ?
— Je ne broie pas du noir. Je déguste ce petit sancerre «tout simplement exquis» et j’essaie de calculer combien ce raout que tu as tenu à organiser est en train de nous coûter.
— Tu peux arrêter de calculer, lui a répondu Leo, car maintenant que Lavinia est de la partie, on va en avoir pour notre argent. C’est la seule personne qui nous intéresse vraiment.
— Alors pourquoi a-t-on claqué 15 000 dollars à nous deux dans cette suite royale au Ritz-Carlton ? Et qu’est-ce que tous ces pique-assiette font là, à part se goinfrer de caviar et écluser notre champagne ?
— Max, je ne te dis pas comment créer des bijoux, alors tu ne vas pas m’apprendre à organiser une soirée publicitaire. Si Lavinia entrait dans une salle vide, elle en ressortirait aussi sec. Ces gens sont des faire-valoir. Ils font tapisserie.
— Tout ça pour une chroniqueuse mondaine à deux balles ?
— Une chroniqueuse ? La papesse de la mode, plutôt. Les critiques qu’elle signe et les photos qu’elle publie sont la référence absolue. C’est une lanceuse de tendances. C’est elle qui donne le ton.
La porte de la suite s’est ouverte, et Lavinia Begbie est entrée.
— Eh bien, a fait Max. Vu ses sourcils en accent circonflexe et son front paralysé, la mode doit être aux injections de Botox désastreuses. On dirait qu’elle a fait un AVC.
— Je te hais, a répliqué Leo.
Il s’est empressé d’aller accueillir la nouvelle venue et toute sa cour : un photographe, un assistant, et un Westie, que Lavinia berçait dans ses bras.
Elle a posé la chienne par terre, a envoyé à Leo une bise aérienne et filé droit vers Max.
— Maxwell Bassett, le bijoutier des stars, lui a-t-elle dit en lui serrant la main. Quel plaisir de vous rencontrer enfin. Vous êtes un loup solitaire.
Max a souri.
— Leo est dur avec ses associés. Il m’oblige à rester emprisonné dans mon atelier pour créer des breloques pour les grands de ce monde.
— « Emprisonné », tiens tiens..., lui a-t-elle répondu. La dernière fois que j’ai parlé à Leo, vous chassiez le rhinocéros blanc quelque part en Namibie.
— Pitié, n’imprimez pas ça, s’est exclamé Max en pliant les mains contre sa poitrine dans un geste angélique. Les associations de défense des animaux me détestent déjà suffisamment.
— Leo, soyez gentil, allez me chercher un double bourbon, sec, a dit Lavinia.
— Tout de suite, lui a répondu Leo. Et pour votre chienne ? Je lui apporte une gamelle d’eau ?
— Pas la peine. Reine adore les cocktails mondains. Elle attend que quelqu’un fasse tomber un peu de nourriture et elle n’en fait qu’une bouchée. J’appelle ça des bouchées à la Reine.
Elle s’est intéressée soudain à Max :
— Dites-moi tout.
— Ça m’a pris des mois, a-t-il commencé, débitant son boniment, mais j’ai fini par trouver vingt émeraudes de quatre carats parfaitement assorties...
— S’il vous plaît. Épargnez-moi votre baratin. Votre chargée de com m’a envoyé un e-mail avec tous les détails, et mon photographe va prendre un cliché d’Elena Travers s’apprêtant à fouler le tapis rouge. Je suis ici pour parler des rumeurs.
— Elles sont toutes vraies, a ironisé Max. Leo est gay. Je l’ai prévenu que vous n’alliez pas le lâcher.
— On raconte que vous projetez de signer avec Precio Mundo, a-t-elle affirmé.
— Avec Precio ? La chaîne de grands magasins ? Et comment vendrait-elle une marque comme Bassett ? Elle mettrait nos bracelets à 100 000 dollars en tête de gondole et les solderait à 89 000 ?
— Pas de fausse pudeur. Et n’éludez pas la question. D’après mes sources, Precio Mundo vous a demandé de créer une collection de...
— Mesdames et messieurs, votre attention s’il vous plaît.
Sonia Chen, la chargée de communication de Leo, se tenait devant la porte donnant sur la chambre à coucher.
— J’ai croisé bien des comédiennes, mais jamais aucune avec autant de magnétisme et de grâce que la jeune actrice qui foulera ce soir le tapis rouge pour la première de son nouveau film, Aliénor d’Aquitaine, dans lequel elle tient le rôle principal. Je suis honorée de vous présenter Elena Travers.
La comédienne qui s’est engagée dans la pièce était vêtue d’une robe bustier Valentino parfaitement mise en valeur par le dernier chef-d’œuvre de Max. Les invités ont applaudi, les appareils photo crépité et, à l’autre bout de la pièce, Leo Bassett s’est écrié :
— Enfin, après toutes ces années, la femme de mes rêves !
L’assistance a éclaté de rire, et Leo s’est précipité vers Elena, les bras grands ouverts.
— Ma chérie, s’est-il émerveillé, attirant l’attention de la salle, tu es raviss...
À peine son pied était-il entré en collision avec le Westie que Leo a plongé la tête la première. Reine a couiné, Leo poussé un cri suraigu, et des bras se sont allongés vers lui pour tenter d’amortir sa chute. Mais son élan n’a été brisé qu’au moment où il s’est écrasé contre l’une des tables du buffet, après quoi il s’est échoué sur le tapis, le costume couvert de tartare de saumon mariné.
Un serveur l’a aidé à se relever, et Sonia est aussitôt apparue avec une pile de serviettes en papier puis a commencé à frotter sa veste pour en ôter les morceaux de saumon et d’aneth. Leo lui a fait signe de s’écarter et a cabotiné :
— Règle numéro un du show-biz, a-t-il déclaré, posant pour la galerie. Ne jamais travailler avec des enfants ou des chiens.
Rire nerveux de l’assistance.
Leo a souri à Lavinia.
— Comment va votre petite Reine ?
— Elle est sous le choc, mais elle s’en remettra, lui a assuré Lavinia en cajolant le Westin blotti dans ses bras. Leo, je suis vraiment navrée...
Il a levé une main et s’est tourné vers Elena.
— Ma chère, vous allez malheureusement devoir trouver quelqu’un d’autre pour vous escorter.
— Oh, Leo, a répliqué Elena, personne ne s’offusquera de quelques taches de marinade. Venez. Ça va être amusant.
— Bon Dieu, Leo, vas-y. Ce n’est pas vers toi que se tourneront tous les regards, de toute façon.
L’injonction venait de Max.
— Non, a-t-il rétorqué, furieux contre son frère. Pas question que Leo Bassett foule le tapis rouge si c’est pour puer le sashimi.
Il a fait volte-face, est entré en trombe dans la chambre et a claqué la porte.
Max a jeté un œil furtif sur Lavinia Begbie en se demandant comment elle allait réagir à la sortie théâtrale de Leo. Mais son visage figé à cause de multiples injections de toxine botulique destinées à en lisser les rides ne l’a nullement renseigné.

Informations sur le livre