Vertèbres

Auteur : Morgane Caussarieu
Editeur : Diable Vauvert

Printemps 1997, dans une petite station balnéaire des Landes, Jonathan, 10 ans, vient d'être kidnappé. Selon ses meilleurs amis, le ravisseur serait une femme à barbe.
Jonathan est retrouvé une semaine plus tard sur une aire d'autoroute, mais sa mère, Marylou, peine à le reconnaître...
Beaucoup de choses ont changé en lui, la plus déroutante étant l'apparition d'une vertèbre supplémentaire en bas de son épine dorsale.
En quoi se transforme Jonathan, et que lui est-il arrivé lors de son enlèvement ?
Avec ce roman générationnel aussi nostalgique des années 90 que Stranger Things, Chair de poule ou Les Contes de la Crypte, Morgane Caussarieu renouvelle le mythe du loup-garou.
Elle signe son livre le plus ambitieux, entre culture horrifique débridée et réflexions métaphoriques profondes, traversé d'interrogations sous-jacentes très actuelles, comme la condition de la femme ou la sexualité.

18,00 €
Parution : Octobre 2021
304 pages
ISBN : 979-1-0307-0326-9
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Extrait

Ils dérivent dans la tiédeur épaisse. Identiques.
Ils entendent le sang qui s’écoule, et cette palpitation sourde, ce rythme si puissant. Ce tambour.
Ils s’attirent. Parfois ils se frôlent à peine, parfois ils se touchent. Chair contre chair. Des protubérances qui ne sont pas encore des doigts et qui pourtant cherchent à se saisir. Toi et moi. Moi et toi.
Ils sont l’un contre l’autre, maintenant. Ils se collent. Ils se collent sans se voir. Transparents et molasses. Ils se collent de toutes leurs minuscules forces. Ils s’aiment.
Ne me quitte jamais.
Toi et moi. Moi et toi.
Ils commencent à se souder. L’un à l’autre. À s’imbriquer. À se distordre.
On ne les séparera plus. Membres entremêlés. Peau qui se mêle à la peau.
Ça y est.
Ils sont Un. Un seul être mais deux têtes, quatre bras, quatre jambes.
Ils poussent, ils poussent ensemble. Ils s’imitent. Puis finalement ils se gênent. Pas assez d’espace. L’un freine l’autre.
Les voilà devenus opposants. Ils luttent. Ils luttent
pour gagner le droit de croître.
Moi, Moi, Moi.
Pas toi.
L’un cède. Il y en a toujours un qui cède.
Le plus faible se ratatine. Le plus fort le recouvre. Il grandit tout autour de lui. L’absorbe. Le cannibalise. L’autre est prisonnier à l’intérieur. Devenu parasite.
Juste un parasite.
Les vertèbres du premier s’articulent et se déploient.
Le deuxième reste mou. Tout petit. Ses quelques os fondent. Lui, le parasite, jamais il ne ressortira. Jamais il ne sera.
Et son double dévorant pousse et pousse et grossit et l’écrase.

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